Thunderbolts*


Thunderbolts*
2025
Jake Schreier

Il faut sauver le soldat MCU. Il y a eu l’excuse du Covid pour expliquer des chiffres en demi-teinte, bien que face à une déferlante comme No Way Home la justification serait plutôt un désintérêt du public face à de plus petits films moins ambitieux, ou avec moins de fan service. Mais la réalité est plutôt à chercher du côté de la qualité : personnellement, la phase III culminait à 3,7 étoiles de moyenne, alors que les phases IV et V furent des désastres, chutant respectivement à 2,8 puis 2,4 étoiles (et peu ou prou la même chose côté séries). Et quand enfin un bon film se présente, le public fuit en masse : malgré des notes très bonnes, avec l’inflation c’est tout simplement le pire score historique du MCU avec à peine plus de 380 M$.

Il faut dire que le projet avait de quoi refroidir pas mal : une équipe historiquement à la botte du méchant de Captain America 4 (point non respecté, donc choix de titre étonnant / débile à la justification à la limite du foutage de gueule), qui se bat avec The Marvels pour la place de pire film de tout le MCU, et le film est aussi relié de près à Black Widow, l’un des films les plus ennuyeux et oubliable parmi les 36 films à ce jour, mais également la série Falcon & Le Soldat de l’hiver, pas bien glorieuse non plus, sans compter un « méchant » de Ant-Man 2 que tout le monde a oublié qui revient également. Difficile donc de s’enthousiasmer autour d’un projet réunissant le pire de tout Marvel, qui ne respecte même pas le principe de base des Thunderbolts nous resservant la sauce moisie de team B de méchants en fait gentils à la Suicide Squad. Et pourtant.

Suite à la destitution du président, une absence d’Avengers clairement identifiés ou vraiment puissants, Valentina Allegra de Fontaine (Julia Louis-Dreyfus) avait un boulevard pour prendre le pouvoir, décidant donc pour son image de mettre fin à tous ses projets potentiellement incriminants, et tuer au passage tous ses agents impliqués : Yelena (Florence Pugh), US Agent (Wyatt Russell), Ghost (Hannah John-Kamen) et Taskmaster (Olga Kurylenko). Seulement leur élimination ne va pas se passer comme prévu, le projet Sentry (Lewis Pullman) va être découvert et ils vont recevoir de l’aide de Red Guardian (David Harbour) et Bucky (Sebastian Stan). Mais quelle est la vraie nature du projet Sentry ?

Eh beh, miracle ! Vu les prémices du projet, la chute libre du MCU en général et l’équipe peu reluisante au programme (hormis Yelena vue dans l’une des rares bonnes séries, Hawkeye, mais jamais citée ou mentionnée), que le film soit bon tenait du pari improbable, et le pari est en plus remporté haut la main. Si on aura une pensée émue pour Taskmaster, immense foutage de gueule, le traitement des personnages est réussi, arrivant à donner pas mal de profondeur à tous ces personnages, la plupart à la base tertiaires, au mieux secondaires. Oser parler de dépression / suicide en sujet principal d’un blockbuster à 180 M$ de budget issu de la plus importante saga cinématographique de l’histoire, c’est assez dingue. Visuellement, pour une fois ça a de la gueule, les effets spéciaux sont crédibles et la mise en scène a enfin de l’ampleur, voir de la grandeur. Les effets du Void sont incroyables, aussi brutaux que poétiques, et ça faisait longtemps que je n’avais pas vu dans le MCU des images si travaillées. Plus encore, le casting est bon et arrive même à montrer le côté hors des sentiers de ce groupe qui n’hésite pas à tuer. Pourtant, la claque n’est pas totale, la faute à deux défauts majeurs : aucun méchant de tout le film, juste un combat interne, et de fait pas de climax non plus. C’est le souci face à un film sans super héros aussi abusé qu’un dieu, voir juste des surhommes est décevant, d’autant que leur légère supériorité ne se ressent pas assez dans les combats. Néanmoins, avoir enfin du vrai cinéma fait du bien, ça reste une grande réussite, mais son échec était aussi triste que prévisible.

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Les Ruines


Les Ruines
2008
Carter Smith

Si on pense trop souvent à la redondance des films d’horreur à cause d’une surreprésentation de tout ce qui est zombies, fantômes et possession, de temps à autres des concepts un peu plus gageurs débarquent pour peu qu’on ne passe pas à côté. Plus de 17 ans plus tard, car il n’est jamais trop tard, découvrons une menace d’un autre genre.

On dirait le postulat de Hostel, troquant la promesse d’aventure libertaire contre de l’aventure archéologique. Ainsi, un inconnu rencontré sur leur lieu de vacance va proposer une expédition incroyable à quatre jeunes américains (incluant Shawn Ashmore et Jena Malone) : la découverte d’un temple Maya encore jamais répertorié. Seulement voilà, si personne ne connaissait ces ruines, c’était peut-être pour une bonne raison…

En vrai le film aurait pu être très bon, reposant sur un concept vraiment original avec des idées clairement excellentes comme les reproductions sonores. Le cadre Maya est entouré d’une certaine mystique qui fonctionne bien, les effets spéciaux sont bons et si on prend en compte la fin director’s cut, le dénouement est une brillante idée également (ou convenu / frustrant dans la version de base). Seulement voilà, au milieu on a un bête slasher classique et prévisible, assez frustrant puisque n’utilisant quasiment pas ledit temple alors que son exploration aurait pu être plus poussée, décuplant la tension et l’angoisse. Et c’est globalement une critique qu’on peut étendre à tout le film : plein de bonnes idées, mais qui restent à la surface avec une exploitation limitée ou décevante.

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Le Garçon au pyjama rayé


Le Garçon au pyjama rayé
2008
Mark Herman

Quelques mois après avoir conspué le pédant et ennuyeux La Zone d’intérêt, voici un film qui reprend pour ainsi dire les mêmes prémices, à savoir le quotidien d’une famille militaire habitant à côté d’un camp durant la Seconde Guerre Mondiale, mais dans une version qui donnerait des sueurs froides à Hannah Arendt : et si les nazis étaient à la base des êtres humains ?

On suivra ainsi un colonel SS (David Thewlis) qui va se voir confier la charge d’un camp, et sa famille (la femme étant jouée par Vera Farmiga et le fils par Asa Butterfield) va l’y suivre sans se douter de ce qui se passe derrière les murs de leur nouvelle maison. Leur jeune fils va découvrir fasciné de drôles de fermiers, et notamment un jeune garçon de son âge, portant tous de singuliers pyjamas rayés.

La construction du film est une grande réussite. Si bien sûr la subtilité n’est pas toujours au rendez-vous et que des personnages réprobateurs vont immédiatement intervenir pour nuancer le propos, sur le fond le film est une sorte de La Gloire de mon père, mais se passant sous le Troisième Reich. On sent vraiment l’amour d’un fils pour son père, et son regard naïf et ignare sur le monde apporte une vraie fraîcheur sur ce sujet bien trop présent dans le paysage cinématographique. Sur le fond, ça reste une histoire d’amitié interdite et la grande histoire plane au dessus de tout, et la réalité historique est sujette à débat, mais au moins on évite le vulgaire bête poncif haineux. Bien sûr, il y a cette fin d’une radicalité folle, dont beaucoup ne s’en sont jamais remis, mais la réflexion derrière est intéressante : on paye toujours pour les erreurs des générations passées. On pourrait même dire qu’il n’y a pas de coupables, que des victimes. Victimes de la guerre, de la propagande, de la pression sociale et professionnelle. Peut-on parler de choix face à une morale imposée et interdite de remise en question ? S’il n’y avait pas tant de provocation gratuite et cette réalisation plus proche d’un téléfilm que d’une production ambitieuse, on pourrait même parler de grand film.

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Hunger


Hunger
2023
Sitisiri Mongkolsiri

Nouvelle tentative avec le cinéma thaïlandais après le très perturbant Ghost Lab qui me provoque encore des cauchemars tant il était allé bien trop loin dans la violence tant physique que psychologique. Cette fois, on plongera dans l’univers culinaire dans une bataille féroce pour devenir le meilleur et plus excentrique chef.

Jeune cuisinière dans le petit restaurant de quartier familial, Aoy (Chutimon Chuengcharoensukying) va se faire démarcher par le recruteur de nulle autre que l’immense et mondialement connu chef Paul, un géni aussi fou que brillant, mais surtout une ordure humaine à la tyrannie sans aucune limite. Tel est le prix de la grandeur.

Il est amusant de constater tous les parallèles qu’on pourrait dresser entre ce film et Le Diable s’habille en Prada. Déjà, les deux sont sur une femme de basse catégorie sociale, qui se voit confrontée à un monde de la plus haute bourgeoisie, y gravi les échelons, gagne le respect de tous, y trouve un faux amour, puis fini par se rendre compte que derrière les strasses et les paillettes, ce qu’elle y a gagné est bien moindre face à tout ce qu’elle y a perdu. Mais là où le modèle américain oubliait de réellement traiter de son sujet (la mode), ici le film nous fait salement saliver avec un sens du spectacle culinaire impressionnant. Le must est bien sûr atteint avec la bataille au sommet et la pièce de viande colossale descendant des cieux. L’actrice principale est très douée, à la beauté singulière, tandis que le chef Paul est terrifiant dans son genre. En revanche, les plus de 2h2o sont pesantes, avec un ventre mou redondant reproduisant trop longtemps les mêmes ressors (brimades, tyrannie, employé viré, échec et persévérance). Le cadre thaïlandais est aussi pas mal lissé vu qu’une grande partie se déroule soit dans les cuisines high tech soit dans des villas archi luxueuses, empêchant cette spécificité culturelle de briller. Sympathique, excellente mise en scène, mais assez classique dans l’ensemble.

 

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84m²


84m²
2025
Kim Tae-Joon

Pour une fois, ce n’est pas une série mais bien un film sud-coréen que nous allons aborder, mais toujours sur Netflix (il est important de rentabiliser un abonnement). Dans cette sorte de relecture de Fenêtre sur cour, on va à nouveau se plonger dans un quotidien de voisinage d’apparence tranquille, mais qui pourrait cacher de terribles secrets.

Primo accédant ayant cru faire une belle affaire en s’endettant très lourdement pour acheter un 84m² à Seoul, Woo-Seong va se prendre de pleine face une crise immobilière où son logement lui coûte bien plus que son prix sur le marché, tout ça pour en plus se rendre compte que ses voisins sont des plus bruyants et envahissants. Il va trouver une lueur d’espoir dans un placement en crypto censé s’envoler, devant résoudre tout ses problèmes.

Décidément, ça semble être la norme en Corée du Sud : on nous racole avec des concepts accrocheurs, mais dans l’ensemble le scénario est bancal, surtout dans sa dernière ligne droite. Déjà on passera sur l’élément déclencheur, la crypto, qui va littéralement s’envoler, chose impossible (ou clairement pas de la sorte). Ensuite, pas grand chose ne tient la route sur la gestion du bruit : comment ne pas réussir à localiser la source ? Comment ne pas se rendre compte d’une si grosse enceinte juste à côté ? Pourquoi ne jamais dialoguer directement avec les gens du 13ème ? Tout est un peu mal fait, pas très crédible, mais en vrai la gestion de la paranoïa est très réussie, le suspens est entier et niveau mise en scène est efficace. On sent clairement du sensationnalisme pas très réfléchi, mais c’est divertissant. En revanche, la fin bascule totalement dans le grotesque, le minable. Le héros est si lassant de bêtise, plus rien ne tient debout et la logique se fout la mal avec pertes et fracas. On reste abasourdi face à une résolution qui légalement n’a aucun sens, et si elle résout vraiment des choses – ce qu’on peut en douter – c’est assez nébuleux. Paranoïak n’a pas à trembler tant son statut de référence en la matière n’est pas ébranlé une seule seconde.

 

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Mr. Plankton


Mr. Plankton
2024
Hong Jong-chan

On continue de poncer le catalogue Netflix de séries sud-coréenne, en revenant cette fois aux fameux k-drama romantiques, comme ce fut le cas de l’excellent Crash Landing on you. Pas aussi culte, cette série – qui ne parle pas d’homme poisson – a tout de même eu un joli succès et semblait faire consensus. Pourtant, les prémisses sont des plus bancales pour « construire » quelque chose.

En effet, dès les premières minutes, on apprend non seulement que le héros va mourir, mais on voit aussi où il rendra son dernier souffle et qui sera à ses côtés dans un flashforward. Un spoil assez terrible, mais pas ²autant que le cœur de la série, à savoir toute l’étendue de l’égoïsme en fin de vie, sur fond de kidnapping.

On suivra ainsi Hae Jo (Woo Do-Hwan), à qu’il ne reste plus que quelques mois à vivre à cause d’une dizaines de tumeurs inopérables au cerveau. Face au spectre imminent de la mort, il va mettre un terme à son business de services à la personne, tout envoyer balader et kidnapper son ex Jo Jai Mi (Lee Yoo-Mi) le jour même de son mariage, l’embarquant au passage dans une quête pour retrouver son père biologique.

C’est assez ahurissant de vouloir construire une romance et de l’empathie autour d’un connard égoïste qui enlève à un brave homme sa fiancée le jour de leur mariage, l’embarquant contre sa volonté dans une quête bien vaine de paternité quand un simple donneur n’a moralement aucune valeur. Et tout ça dans quel but ? Ne pas passer ses derniers jours seul ? Se rattacher à une ancienne petite amie qu’il a fait souffrir pour la faire retomber dans ses bras ? C’est d’un égoïsme fou d’arracher une fille à un homme certes âgé mais foncièrement bon, qui lui assurerait un cadre de vie supérieur d’ailleurs, pour lui proposer de vagabonder quelques temps avant de subir de plein fouet un deuil destructeur. Le pire c’est que la série elle-même va me donner raison en abandonnant en cours de route cette quête du donneur 137, tout ça pour ne nous apporter aucune réponse sur ce point qui semblait central, pour dire que le père qui l’a élevé a plus de valeur. Difficile donc de trouver un quelconque intérêt à la série. A moins que ?

Heureusement, la série a tout de même de solides arguments. Les personnages sont tous très intéressants, bien développés, importants et bien interprétés. On s’attache pas mal, même en sachant que toutes leurs histoires seront vaines. Côté humour, l’efficacité est là aussi au rendez-vous, moins au niveau émotion. De même, le côté road trip dans un pays inconnu est d’autant plus plaisant, et on sent un budget certain permettant de pas mal voyager. Sur des prémices si néfastes, la série s’en sort donc avec les honneurs, malgré quelques longueurs, mais impossible de se montrer plus satisfait que ça face à tant de défaillances scénaristiques. J’en suis ressorti assez frustré et déçu, notamment à cause des retours dithyrambiques qui semblent avoir une boussole morale fracassée.

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Visions of Mana


Visions of Mana
2024
PS5

Pour information, les conditions du test ont été quelque peu mauvaises, ayant terminé le jeu en 38h étalée sur huit mois, avec aucune session de jeu n’atteignant les 2h, et restant régulièrement trois semaines entre deux sessions. Cela a donc énormément impacté à la fois ma capacité à maîtriser les mécaniques, mais aussi mon immersion dans l’histoire. Ceci étant, j’espère avoir su resté objectif dans mon analyse de l’œuvre.

Graphismes : 14/20

Si je n’ai, il est vrai, toujours pas eu l’occasion de rattraper l’opus maudit sur PS2, jamais sorti en Europe, il faut bien avouer que la transition 3D de la légendaire saga est une pleine réussite, bien que les remakes récents des opus Super Nintendo étaient déjà très gageurs, surtout plombés par leur mise en scène. La direction artistique est magnifique, et on a grand plaisir de retrouver certaines des créatures iconiques plus belles que jamais. Dommage en revanche que le gigantisme ne soit jamais tellement travaillé, ne donnant jamais de souffle épique, que ce soit dans les décors ou les monstres / boss. De même, si on a grand plaisir de découvrir chaque classe de chaque personnage, impossible de ne pas se montrer déçu de l’absence d’évolution : une classe par élément, soit huit, c’est certes deux de plus que les six (deux intermédiaires, quatre finales) de Trials of Mana, aka Seiken Densetsu 3, mais exit donc tout sentiment d’évolution. Si de surcroît chaque classe pouvait avoir deux évolutions, ça aurait été dantesque ! Mais place au vrai point quasi scandaleux : la technique. Certes cross-gen (c’est-à-dire à cheval sur plusieurs générations de consoles car étant aussi sorti sur PS4), il n’empêche que voir des animations aussi rigides, avec moult de passages où les bouches ne sont carrément pas animées, c’est honteux. On est clairement à des années lumières du niveau de finition d’un FFVII R par exemple, avec des décors assez vides et une ampleur limitée. Mais pas étonnant dans la mesure où les équipes étaient dix fois moindre que pour n’importe quel projet de la maison mère de Square-Enix.

Jouabilité : 12/20

Peut mieux faire. Je ne reviendrais pas sur le manque d’évolution des classes, gâchant un peu le plaisir d’une montée en puissance qui ne se ressent pas, ou encore l’attaque ultime avec L2 qui devient carrément une perte de temps en fin de jeu tant sa puissance devient anecdotique. On est sur du action RPG moderne classique, mais sans la fougue et la maîtrise d’un FFVII Rebirth. La caméra est plus capricieuse, voir atroce avec son système de lock flingué, et la répétitivité devient vite patente. Débloquer les esprits et les classes associées, avec les pouvoirs liés, permet de ne pas s’en rendre compte trop vite, mais dès la moitié du jeu que tout s’installe, plus rien ne viendra redynamiser quoi que ce soit. Pire, le choix des personnages n’en sera que très peu un, puisque sur trois personnages, le héros est obligatoire, et Julei est le seul capable d’utiliser de la magie curative, et Careena est la seule capable de ressusciter un allié. Et il sera quasi impossible de réussir les derniers boss sans ce trio quasi imposé, même en mode facile. Côté quêtes, mise à part chercher tous les points bleus sur les cartes et accepter les missions en chemin qui se font sans réfléchir en tuant tout sur son passage, il n’y aura que les défis des esprits, débilement durs, surtout les tours finales, et ça ne fait qu’entretenir un cercle de difficulté où l’on devient plus fort pour effectuer des missions plus dures. Rien de bien original ou passionnant. Reste le chapitre 10, une hérésie qui se débloque post-game alors même que le boss de fin est horriblement dur et qu’un peu de level up en amont aurait été apprécié, tout ça pour un Demomana du pauvre.

Durée de vie : 16/20

Si le jeu n’était pas aussi dur il pourrait facilement se boucler en 20-25 heures en traçant, mais inimaginable d’entrer dans la dernière ligne droite en dessous du niveau 60 sans les dernières armes et armures et avec des objets à foison. J’ai pour ma part fini le jeu (chapitra 9) en 35 heures, en ayant fait quasiment toutes les missions (excepté les tours des esprits, trop dures, et probablement quelques quêtes perdues en chemin). Pour du RPG moderne, c’est presque inespéré, et avec un meilleur équilibrage ou un mode Facile réellement facile, ça m’irait très bien. En revanche, pour ceux qui adorent poncer des jeux pendant au moins 50 heures, le titre est un peu court et ne propose que peu de contenu annexe.

Bande son : 15/20

Quelques thèmes repiqués des opus légendaire qui font résonner la fibre nostalgique et les musiques originales sont réussies, mais rien d’aussi marquant. Deux doublages sont disponibles, comme souvent, japonais et anglais. Les deux sont très cartoonesques, mais ça reste plutôt bien dans l’ambiance.

Scénario : 06/20

Bon… Alors déjà l’histoire est globalement un immense plagiat de FFX avec les tributs / sacrifices et les amants maudits, et le jeu ne l’égalera jamais de près ou de loin en intensité émotionnelle ou en profondeur philosophique. Oui, c’est potentiellement passionnant de voir un monde si lobotomisé que sacrifier régulièrement des gens, souvent des enfants, pour le bien commun semble normal, d’autant qu’on est arrivé à un tel niveau d’endoctrinement que les gens y voient là l’honneur suprême, mais c’est tellement mal fait. Les protagonistes sont d’une naïveté ahurissante, et la faiblesse de leurs convictions est affligeante. Pareillement pour l’ancien héro légendaire ayant sombré dans la folie : c’est traité de façon bien trop clichée et superficielle. Et constamment le jeu vient faire des clin d’œil à Seiken Densetsu 3 et Secret of Mana, des illustres ancêtre jamais égalés ni dans leur fun, ni dans leur grandeur. Un jeu qui peine à exister pour lui-même.

Note Globale : 12/20

Passé les premières heures qui nous agitent des doudous nostalgiques avec un immense plaisir récréatif, passé la première moitié linéaire mais qui avait le mérite de faire découvrir le monde, les personnages et faire mumuse avec les classes débloquées au fur et à mesure, l’étendu du vide est saisissant. Le gameplay n’a pour ainsi aucune évolution au cours de l’aventure, la technique fait peine à voir derrière une direction artistique magnifique mais qui ne sauve pas tout, et surtout l’histoire peine à exister au delà de la nostalgie. Le potentiel est là, la saga pourrait rayonner encore aujourd’hui, mais visiblement les ambitions étaient trop limitées, et pas sûr qu’un nouvel essai ne survienne dans un avenir proche.

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Mr Wolff 2


Mr Wolff 2
2025
Gavin O’Connor

Neuf ans déjà depuis la claque Mr Wolff, qui fut un double succès, critique et commercial. Une suite a immédiatement été annoncée, d’autant qu’entre temps les deux frères têtes d’affiche ont vu leurs carrières décoller, Ben Affleck étant considéré par beaucoup comme le meilleur Batman de l’histoire, tandis que Jon Bernthal est devenu le Punisher où chacune de ses apparitions est une master class. Une suite particulièrement attendue donc.

Sortir de sa retraite fut fatal. Enquêtant sur des disparitions d’enfants et des meurtres qui y sont liés, l’ancien inspecteur Ray (J.K. Simons) va être froidement abattu. Par qui, pourquoi ? Dans ses derniers instants, il nota un nom sur sa main, un dernier S.O.S. : Christian Wolff (Ben Affleck), le comptable. Pour cette mission, il fera appel au plus dangereux des mercenaires, son frère (Jon Bernthal).

Le résultat est très perturbant, étant à la fois une grande réussite et un immense ratage. Exit le thriller d’action ultra percutant avec un scénario si solide qu’il impressionne jusqu’à sa toute fin. Ici, le scénario est poussif à l’extrême, un chaos archi brouillon aux poncifs éculés, allant jusqu’à nous ressortir une mafia mexicaine. On souffle fort. Mais à côté de ça, le duo de frère est touchant, drôle, conférant une vraie âme au film, nous offrant moult passages de simple découverte, des moments de vie, qui atteignent des sommets au niveau alchimie et efficacité. Que ce soit le speed dating ou chacune des discutions / sorties entre frère, tout est incroyable. En vrai, le film aurait dû être bien plus focalisé là dessus, poussant les curseurs à fond sur la comédie et l’émotion, car le reste à côté est tellement fade. Reste maintenant à savoir si conclusion de la trilogie il y aura. Au niveau sortie en salles, le budget ayant doublé pour atteindre les 80 M$, le score actuel inférieur à 110 M$ est une catastrophe absolue et devrait clore instantanément le débat. Mais en vrai, c’est à peine moins que le premier alors que la sortie fut éclipsé par des succès colossaux en face, ayant de justesse atteint la troisième place à sa sortie et ayant été éjecté du top 10 au bout de trois semaines malgré un bon maintient, et il faut rappeler que dans de nombreux pays dont la France, sa sortie fut directement sur Prime Video où en un mois (donc sans les Etats-Unis où il est sortie sur Prime après) il est déjà le second film le plus vu de tous les temps. Tout reste possible donc, mais espérons que le scénario sera meilleur ou que le focus sera davantage mis sur le duo.

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The Woman King


The Woman King
2022
Gina Prince-Bythewood

Si l’on étudie partiellement l’histoire du colonialisme, on aime à laisser entendre que les colonies se sont construites à partir de rien, où l’on a pratiquement sauvé des quasi animaux pour en faire de vrais humains civilisés. On appelle même ça le complexe du sauveur blanc, où l’on se persuade soi-même du bienfondé de ses actions car la culture à laquelle on est confronté est si loin de nos standards qu’on ne la comprend ni ne la considère même comme une réelle forme de culture, juste de la barbarie primitive.

Dans cette optique de nous apprendre ce que l’Afrique avait à offrir avant le colonialisme, le film va nous faire découvrir ce qui a été le royaume le plus riche de l’histoire africaine, le royaume de Dahomey. Une tribu très progressiste puisqu’elle avait fait des femmes Agojiés (dirigée par Viola Davis) leur fer de lance militaire, leur fierté locale. Plus encore, il existe la tradition du Kpojito où le roi (John Boyega) peut nommer une femme pour diriger avec lui. Ensemble, ils vont se dresser face à l’envahisseur blanc (Hero Fiennes Tiffin) et les traitres à leur cause.

Si on passe outre le niveau de romance un peu abusé avec le viol, l’enfant, le métisse qui cherche sa vraie nature, qui se doit forcément de pencher vers le Dahomey, ou encore le forçage abusé autour du colonialisme et « les blancs tous pourris », ce qui n’est certes pas une mince affaire et explique probablement l’échec critique et commercial du film hors Etats-Unis où la culture afro-américaine est très forte, eh bien le film est plutôt bon. On a une belle histoire très ludique, avec une jeune fille qui comme le spectateur, découvre cette culture, ces traditions, et va s’y épanouir. L’aspect communautaire fonctionne bien, les relations entre les personnages sont émouvantes ou inspirantes, et les séquences de combats musclées ne manquent pas. Avec en plus ces teintes très ocres et tout ce qui entoure le peuple du royaume, le film a en plus une belle identité visuelle. Une finesse digne d’un 36 tonnes pour tous ses messages politiques et féministes, mais au delà de ça, l’histoire est captivante et le divertissement est assuré.

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Ballerina


Ballerina
2023
Chung-Hyun Lee

Eh non, il ne s’agit pas du spin-off de John Wick, qui avec le covid et les reshoots s’est prit quelques années de retard puisqu’à l’origine il devait sortir avant le quatrième opus. Ce projet devait donc sortir après, mais il a finalement vu le jour avant, aidant peut-être pas mal à la confusion et sa mise en avant sur Netflix, n’hésitant pas à mettre côte à côte Bullet Train et Bullet Train Explosion, comme s’ils étaient liés alors que le second est un film japonais qui n’a absolument rien à voir. Bref.

Dans la nuit tourmentée de Seoul où s’adonnent les pires vices, Okju (Jeon Jong-seo) va découvrir horrifiée le suicide de son amie ballerine. La raison ? Un dealeur psychopathe qui l’a violé et filmé à son insu, la détruisant psychologiquement. En son honneur, elle va décider de rendre justice elle-même et partir en quête de ce monstre pour le tuer, loin de se douter de toute l’étendue de l’univers criminel qui l’entoure.

Le concept d’une vengeresse est gageur, les bases du scénario sont intéressantes, mais le développement est poussif et l’exécution maladroite. Si j’ai eu grand plaisir à retrouver la ravissante Jeon Jong-seo de l’excellent The Call, et qu’elle électrise toujours autant l’écran, ni les chorégraphies ni la mise en scène ne rendent correctement justice à l’action, toujours un peu brouillonne. De même, la cohérence global est mauvaise, montrant l’héroïne tantôt en difficulté en 1 V 1, tantôt pleinement à l’aise face à un hangar entier de truands. Pareillement, elle enquête péniblement et se prend des murs tout du long, pour finalement tout résoudre avec une facilité déconcertante en dix minutes à la fin. Un équilibrage à la truelle, pour du « divertissement » vite oublié.

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