
Pokémon Legends Arceus
2022
Nintendo Switch
Quelle erreur ! Alors que j’avais beaucoup trop de temps à l’époque, j’avais carrément zappé le jeu pour deux raisons : je croyais en avoir déjà trop vu en me gâchant l’expérience à travers moult let’s play sur twitch, et surtout je ressortais tout juste du « remake » 4G qui était sorti trois mois plus tôt dans un état lamentable (au point de ne même pas en écrire la critique), remaster fainéant bourré de bugs à peine croyables et faisant l’impasse sur le contenu de Platine. Comme pour punir Pokémon Compagny, j’avais donc esquivé ce qui s’annonçait comme un spin-off peu important à la Breath of the wild, un Zelda que j’ai très peu apprécié et que j’ai mis trois ans à enfin terminer tellement la formule m’étais passée au dessus. Et pourtant, c’est de loin l’épisode le plus ambitieux et intéressant depuis pour ainsi dire la création de la licence, habituée à évoluer le moins possible depuis trente ans.
Graphismes : 12/20 (05/20 la technique, 17/20 la direction artistique)
Diantre que les gens ont gueulé ! Distance d’affichage atroce, clipping ahurissant, quasi absence de texture, que ce soit au sol, sur les rochers ou les bâtiments, et quand le jeu tourne autour du fait de capturer des créatures sauvages, ne pas les voir de loin, voir se faire surprendre par un contact avec l’un d’eux même pas affiché à l’écran, c’est une tannée. De plus, si le jeu tourne très bien sur Switch 2, apparemment il tournait à un lamentable 15-25 fps sur Switch première du nom, ce qui est pratiquement injouable. De la part du studio le plus lucratif de l’histoire (coûts de développement moindres, recettes ahurissantes), c’est une honte absolue. Oui mais.
Ayant prit Héricendre en starter, je dois bien avoué avoir prit une sacrée claque face aux animations de flammes, absolument magnifiques. Et globalement, le jeu est de très loin le plus abouti de toute la saga, tant au niveau de la direction artistique que de la mise en scène. Les animations sont magnifiques, le rapport d’échelle est bien plus impressionnant avec des Pokémons qui font enfin plusieurs mètres de haut, notamment avec les barons et dominants, et au niveau de l’ambiance générale, le style est à la fois proche d’un Breath of the wild mais en plus tranché, plus stylisé. Oui, la technique est indigne, mais j’ai réussi à passer totalement outre car pour une fois la licence a laissé son côté cartoon pour un rendu plus mature embrassant le style japon féodal, et c’est une franche réussite.
Jouabilité : 14/20 (16/20 sur Switch 2)
On en rêvait depuis l’annonce de l’arrivée de la licence Pokémon sur la console Nintendo Switch, capable de faire tourner des jeux ambitieux : un open-world Pokémon où l’on se promènerait au milieu des pokémons, qu’on pourrait attraper en temps réel. Si le jeu est tout de même découpé en zones, avec d’ailleurs un système de hub catastrophique où il faut retourner en ville pour changer de zone, le rêve est enfin réalité, pouvant lancer des pokéballs à tour de bras pour capturer le plus de monstres possibles. Le système n’est pas parfait, le lag sur Switch étant infernal, mais c’est grisant et on souffle fort quand on se trouve à devoir capturer l’un d’eux à l’ancienne en l’affaiblissant dans un combat. Clairement, ce style de capture est exactement ce dont la licence avait besoin. Après, on retrouve les combats tour par tour classiques, mais à la fois avec une mise en scène plus belle que jamais, mais avec également un ajout sympathique avec les modes rapides et puissants qui permettent de se sauver de certaines situations, car le jeu est dur. Enfin une vraie difficulté, avec notamment un « boss de fin » (en réalité boss de seconde fin) des plus retors car l’ordre des tours continue à chaque changement de pokémon, ce qui fait que l’adversaire peut systématiquement mettre une réponse efficace après chaque mort et potentiellement faire un mort à son tour, alors même qu’il faut enchaîner une team de 6 puis deux boss sans aucun soin, chose qui m’a obligé à monter une équipe lvl 75 et faire une dizaine d’essais.
Parlons aussi brièvement des combats de boss, difficiles également, avec une belle mise en scène puisque certains font littéralement la taille d’une montagne ! Pokémon Ecarlate et Violet reprendront un peu de ce principe avec leurs propres dominants, mais sans l’originalité ni la démesure. Et entre deux missions principales, le joueur pourra s’occuper à remplir son Pokédex ou les missions qui y sont liées, sympathique, mais redondant, et c’est d’autant plus dommage que les niveaux de membre Galaxie sont long à débloquer et qu’on se retrouve bloquer dans l’aventure à cause de ça, même en prenant le temps de bien se balader et capturer le plus de créatures possibles. Là encore, l’équilibrage est décevant, empêchant le titre de prétendre aux plus hautes cimes, puisque le farm et le crafting (récupérer des ressources pour créer notamment les pokéballs pour capturer les monstres) sont trop limités, faisant que le joueur sera constamment à cours de tout, et surtout d’argent. Je n’ai personnellement jamais dépensé un centime pour autre chose que augmenter la réserve du sac (une tannée qui oblige à constamment aller tout déposer), et je ne suis même pas arriver au bout des possibilités. Il reste pas mal de points perfectibles à revoir, à peaufiner, mais c’est clairement le genre de jeu auquel j’aspirais et j’ai prit un plaisir immense.
Durée de vie : 14/20
Ca aurait pu être un équilibre dantesque, mais non. Trop de légendaires sont inclus dans la quête principale, alors que ça aurait été un post-game incroyable, et à l’inverse la quête principale nécessite trop de temps à faire des missions annexes pour compléter le Pokédex et ainsi gagner des niveaux de team Galaxie. De plus, deux points sont dommageables : il reste deux missions principales une fois le générique de fin passé (pardon ?), et pas des moindres puisque la dernière est ni plus ni moins que la rencontre avec Arceus, alors même que le jeu lui est dédié. Pire, il faut avoir complété à 100% le Pokédex pour avoir accès à ce dernier combat, chose qui dépassera de loin la patience de la plupart des joueurs, dont moi. En ligne droite, j’ai pu voir le générique en 20h, puis il m’a fallut cinq heures de plus pour venir à bout du dresseur ultime, mais je n’ose imaginer le temps qu’il faudrait pour atteindre les quasi 250 pokémons du Pokédex régional puisque j’ai terminé ma course à moins de 190 alors que j’ai écumé chaque zone. Et le souci, c’est que beaucoup dépendent de failles aléatoires, et la redondance du système atteint déjà largement ses limites au bout de 25h. Et le problème, c’est que toutes les missions annexes sont axées autour de la complétion du Pokédex, sans zone de combat ou autre, décuplant la redondance d’un post game peu encourageant.
Bande son : 17/20
Déjà que la bande originale de la quatrième génération est un banger, ce retour dans le passé en livre des arrangements d’antan incroyables, arrivant même à intégrer de façon ingénieuse les quelques notes de flute de l’écran titre du jeu d’origine pour en faire un élément de l’histoire. Plus que des réorchestrations et des hommages, c’est une véritable réinvention de la quatrième génération. Reste ces personnages qui semblent vouloir parler, mais qui n’ont pas bénéficié de doublage, une évolution naturelle que même la licence Zelda a fini par sauter. A quand le tour de Pokémon ?
Scénario : 09/20
Annoncé comme un jeu plus mature qui explorerait en profondeur les légendes de Sinnoh, à l’époque où la région s’appelait Hisui, c’est une petite déception. Difficile d’espérer honnêtement le niveau d’un Final Fantasy pour la licence Pokémon, il n’empêche que cette plongée temporelle est très timide. Pas grand chose à se mettre sous la dent en dehors de clin d’œil faciles et un peu vides, alors même qu’on croise des temples anciens où l’on aurait aimé se perdre, voir découvrir un tout nouveau lore. L’ambiance est réussie, mais le fond est très léger.
Note Globale : 14/20
On en rêvait, il est là : le grand Pokémon en monde ouvert ! Enfin on peut réellement capturer des pokémons comme dans l’anime, l’appel de l’aventure est dantesque et cette plongée dans le Sinnoh d’antan est une franche réussite tant la mise en scène est aboutie et que la direction artistique est magnifique. Que demander de plus ? Que la note d’intention aille avec une réelle ambition, largement plombée par une technique catastrophique et divers soucis de redondance et d’équilibrage qui semblent indiquer que les phases de test n’ont peut-être même pas eu lieu. Et on ne le dira jamais assez, quand on est la licence la plus rentable de tous les temps et qu’on a vendu plus d’un demi milliard de jeux, ne pas plus soigner ses œuvres est une honte absolue. Un vent de fraicheur salvateur, qui malgré tous ses défauts est probablement l’expérience Pokémon la plus aboutie à ce jour.











